Paroles de femmes : une prise en charge globale et un suivi individuel

Publié le 26/02/2015

Betty Fournier, présidente et fondatrice de l'association Paroles de femmes. /Photo DDM, J-C C .
Betty Fournier, présidente et fondatrice de l'association Paroles de femmes. / Photo DDM, J-C C .

Quelles sont les activités de l'association ?

Elles sont multiples. L'an dernier nous avons reçu plus de 200 femmes. 86 % d'entre elles étaient venues pour des problèmes de violence, mais nous sommes aussi à leurs côtés lorsqu'elles rencontrent des problèmes d'emploi, de logement, de santé… Il s'agit d'une prise en charge globale et d'un suivi individualisé. Il y a aussi des ateliers pour aider les femmes à se reconstruire. Cela passe par des ateliers d'écriture, de création, de self-défense, des ateliers juridiques ou des groupes de paroles.

Quelles sont vos actions de prévention ?

L'an dernier nous avons rencontré 423 jeunes en collège et lycée. Nous menons des actions auprès du grand public avec des projections de films et des débats, comme des professionnels, gendarmes, travailleurs sociaux, bénévoles, médecins… Nous avons une mission de service public.

Quelles sont vos sources de financement ?

Nous avons été labellisés par l'État en 2012. Nos financeurs sont le ministère des Droits des Femmes, l'ACSE, la région, le département, les communes… Les financements que nous avions habituellement en octobre ne sont pas encore arrêtés, ceux du conseil général d'avril sont reportés en juillet à cause des élections… La situation devient très difficile pour arriver à financer notre salariée !

Vous fêtez cependant demain les dix ans de l'association…

Oui, et à cette occasion nous allons organiser des journées portes ouvertes de 10 heures à 16 heures à Gaillac.

Comment prendre contact avec vous ?

Le plus simple est de venir lors des permanences, soit à Gaillac, le lundi de 10 heures à 19 heures, du mardi au jeudi de 10 heures à 17 heures ou le vendredi de 10 heures à 13 heures. Nous assurons aussi une permanence sur rendez-vous à Lavaur le premier lundi du mois et à Graulhet le quatrième lundi du mois.

Pour rendre rendez-vous à Graulhet il suffit de téléphoner au 05 63 42 82 60

On peut aussi contacter l'association au 09 51 87 31 70 ou visiter le site www.parolesdefemmes81.fr

 

La Dépêche du Midi


Violences faites aux femmes : la ruralité n'est pas épargnée

 

Publié le 05/02/2014

 

 

En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Et plus de 44 % de ces faits se sont déroulés en milieu rural. Pourtant, l’ampleur de ces phénomènes de violence à la campagne est souvent ignorée. Sous la houlette de Betty Fournier, présidente de l’association Paroles de femmes installée à Gaillac, Maya de Chantérac, rédactrice et psycho praticienne en Gestalt a réalisé une étude sur les violences faites aux femmes en milieu rural pour la région Midi-Pyrénées. Publié en novembre 2013, le rapport a été présenté dernièrement à la préfète du Tarn. «Des associations mais également les services de gendarmerie ont souhaité l’obtenir», se félicite Betty Fournier qui voit là l’occasion de lever la chape de plomb qui pèse sur ce type de violence. La rédactrice s’est appuyée sur le travail des associations et les témoignages de femmes.

Isolement et pression familiale

Premier constat, les crimes issus de ces violences faites aux femmes en zone rurale sont rares dans notre région comparée aux statistiques nationales citées ci-dessus. 4 crimes ont été enregistrés (tous en Haute-Garonne) pour 2010 et 3 en 2011 (toujours en Haute-Garonne). En revanche, les appels de femmes victimes de violences au 3919 (plateforme d’écoute nationale créée en 1992)sont passés pour le Tarn de 49 en 2011 à 72 en 2012, soit 47 % de hausse. L’association «Parole de femmes» a accompagné à elle seule 217 femmes en 2013 et eu 390 contacts téléphoniques.

Les forces de gendarmerie confirment cette situation. Il ne se passe guère une journée ou une nuit sans qu’ils aient à intervenir sur un différend familial.

Toutes les associations spécialisées font le même constat. Des témoignages de femmes qu’elles reçoivent, il ressort en premier lieu les problèmes «de l’isolement; de la présence trop proche de la famille, souvent dans le même village; de la proximité, des gendarmes (encore insuffisamment formés) minimisant les faits et parlant de conflits et non de violences».

Les professionnelles relèvent également des «médecins peu sensibilisés à ces questions, qui souvent soignent toute la famille, ce qui accroît la peur de parler des violences subies; pour les femmes d’agriculteur, le manque d’indépendance et de salaire; un manque de structures de soins et d’accueil ou d’écoute spécialisées».

Sur le milieu agricole, Betty Fournier reconnaît une amélioration des conditions des femmes mais «il reste notamment des femmes âgées sans statut».

Elle se félicite aussi de l’effort entrepris dans le Tarn en matière de transport collectif. S’il existe une prise de conscience de la double violence subie par les femmes en milieu rural, les associations de terrain ont encore beaucoup de pain sur la planche.

 

Patrick Guerrier